Plongeons dans l'histoire mystérieuse et terrifiante de la Bête de Thorée, une créature qui a semé la terreur dans la région de Saumur au XIXe siècle.
Notre récit nous emmène dans le petit village de Thorée-les-Pins, situé aux confins de l'Anjou et du Maine, à une vingtaine de kilomètres au nord de Saumur. C'est dans cette région boisée et vallonnée que se déroula, en 1833, une série d'événements qui allaient marquer durablement l'imaginaire local.
Tout commença au printemps de cette année-là. Les habitants de Thorée et des villages environnants commencèrent à rapporter des attaques étranges sur leur bétail. Des moutons, des chèvres, et même des veaux étaient retrouvés horriblement mutilés, leurs corps portant des marques de crocs gigantesques.
Au début, on pensa à l'œuvre d'un loup particulièrement féroce ou d'un chien errant. Mais rapidement, les témoignages devinrent plus inquiétants. Des villageois affirmaient avoir aperçu une créature monstrueuse rôdant dans les bois à la tombée de la nuit.
Les descriptions variaient, mais tous s'accordaient sur certains points : la bête était massive, bien plus grande qu'un loup ordinaire, avec une fourrure sombre et des yeux brillants dans l'obscurité. Certains parlaient d'une gueule énorme, capable d'arracher la tête d'un mouton d'un seul coup.
La panique s'empara rapidement de la région. Les paysans n'osaient plus sortir après le coucher du soleil, et les enfants étaient confinés à l'intérieur dès la tombée du jour. Les autorités locales, d'abord sceptiques, finirent par prendre l'affaire au sérieux face à la multiplication des attaques et des témoignages.
Des battues furent organisées, mobilisant des centaines d'hommes armés de fusils et de fourches. Mais la bête semblait insaisissable, disparaissant dans les profondeurs des bois dès que les chasseurs s'approchaient.
L'histoire la plus terrifiante est celle de Marie, une jeune bergère de 15 ans. Un soir d'été, alors qu'elle ramenait son troupeau, elle se trouva face à face avec la créature. Selon son récit, la bête était aussi grande qu'un veau, avec des yeux rougeoyants et une gueule pleine de crocs acérés.
Paralysée par la peur, Marie ne dut son salut qu'à l'intervention providentielle de son chien, qui s'interposa entre elle et le monstre. Le brave animal fut gravement blessé, mais réussit à faire fuir la bête, permettant à Marie de s'échapper.
Cet incident ne fit qu'accroître la terreur qui régnait dans la région. Les rumeurs les plus folles commencèrent à circuler. Certains parlaient d'un loup-garou, d'autres d'une créature échappée d'une ménagerie. Les plus superstitieux évoquaient même une punition divine pour les péchés des villageois.
La légende de la Bête de Thorée attira l'attention bien au-delà des frontières de l'Anjou. Des chasseurs venus de toute la France affluèrent, espérant abattre le monstre et gagner la récompense promise par les autorités.
Parmi eux se trouvait un certain Jean-François Baudriller, un chasseur réputé de la région de Saumur. Baudriller passa des semaines à traquer la bête, étudiant ses habitudes et ses déplacements. Finalement, par une nuit d'automne, il réussit à la coincer dans une clairière.
Le combat qui s'ensuivit fut épique, si l'on en croit les récits de l'époque. La bête, acculée, se jeta sur Baudriller avec une férocité inouïe. Le chasseur réussit à tirer plusieurs coups de fusil, mais la créature semblait invulnérable. Ce n'est qu'au prix d'une lutte acharnée que Baudriller parvint finalement à l'abattre.
Lorsque les villageois accoururent, attirés par le bruit des coups de feu, ils découvrirent le corps d'un animal énorme. Bien que certains affirment qu'il s'agissait simplement d'un loup de taille exceptionnelle, d'autres persistent à dire que la créature ne ressemblait à rien de connu.
Le corps de la bête fut exposé pendant plusieurs jours, attirant des curieux de toute la région. Puis, dans des circonstances mystérieuses, il disparut. Certains disent qu'il fut envoyé à Paris pour être étudié, d'autres qu'il fut enterré secrètement pour éviter que la malédiction ne se propage.
Quoi qu'il en soit, les attaques cessèrent après cet épisode. La vie reprit son cours normal à Thorée et dans les villages environnants. Mais la légende de la Bête de Thorée était née, et elle allait perdurer dans la mémoire collective.
Aujourd'hui encore, la légende de la Bête de Thorée continue de fasciner. Elle a inspiré des livres, des pièces de théâtre, et même un sentier de randonnée baptisé "Le Chemin de la Bête". Certains affirment que par les nuits sans lune, on peut encore entendre des hurlements étranges provenant des bois de Thorée...
Alors, si vous vous promenez un jour dans cette région de l'Anjou, restez attentifs. Qui sait ? Peut-être apercevrez-vous une ombre furtive entre les arbres, ou entendrez-vous un grognement inquiétant dans le lointain. La Bête de Thorée n'a peut-être pas dit son dernier mot...
Voilà qui conclut notre chronique sur les légendes angevines. J'espère que cette histoire de la Bête de Thorée vous a captivés et vous donnera peut-être un frisson la prochaine fois que vous vous promènerez dans les bois.
Merci de votre écoute et à bientôt pour de nouvelles aventures dans le monde fascinant des mythes et légendes de l'Anjou !