Allons dans les ardoisières de Trélazé où se cachent un secret vieux de plusieurs siècles. Je vais vous conter l'histoire de la Fée des Ardoisières, une légende qui mêle magie, amour et tragédie dans le cœur de l'Anjou.

Notre récit commence au XVe siècle, dans les entrailles de la terre angevine. Les ardoisières de Trélazé étaient déjà réputées pour la qualité exceptionnelle de leur schiste bleu. Mais ce que peu savaient, c'est qu'elles abritaient aussi un être mystérieux : une fée nommée Ardoria.

 

Ardoria n'était pas une fée comme les autres. Son corps était fait d'ardoise vivante. Ses yeux, deux éclats de pyrite dorée, brillaient dans l'obscurité des galeries. Elle vivait en harmonie avec la roche, protégeant les mineurs des éboulements et guidant leurs pioches vers les plus beaux filons.

 

Un jour, un jeune mineur nommé Mathieu descendit pour la première fois dans les profondeurs de la carrière. Ardoria fut immédiatement fascinée par sa beauté et sa gentillesse. De son côté, Mathieu fut ébloui par cette créature extraordinaire. Malgré leurs différences, ils tombèrent éperdument amoureux.

 

Pendant des mois, ils se retrouvèrent en secret dans les galeries abandonnées. Ardoria montrait à Mathieu les merveilles cachées de son royaume souterrain : des cavernes aux cristaux étincelants, des rivières souterraines aux eaux d'un bleu profond. Mathieu, lui, lui parlait du monde de la surface, des forêts verdoyantes et du ciel étoilé.

 

Mais leur bonheur était menacé. Les autres fées des éléments, jalouses de cette union entre une immortelle et un mortel, décidèrent d'intervenir. Elles lancèrent un ultimatum à Ardoria : soit elle renonçait à Mathieu, soit elle perdrait ses pouvoirs et deviendrait mortelle.

 

Déchirée, Ardoria choisit l'amour. Elle abandonna son immortalité pour vivre aux côtés de Mathieu. Mais le prix à payer fut terrible. À mesure que ses pouvoirs s'estompaient, son corps d'ardoise commença à se fissurer.

 

Mathieu, désespéré, chercha un moyen de la sauver. Il parcourut l'Anjou en quête d'un remède, consultant guérisseurs et alchimistes. Finalement, un vieil ermite lui révéla qu'il existait une solution : si Ardoria retournait dans les profondeurs de la terre avant que la dernière fissure n'atteigne son cœur, elle pourrait survivre, mais sous forme de statue d'ardoise.

 

Le temps pressait. Mathieu porta Ardoria jusqu'aux ardoisières, descendant toujours plus profond dans les galeries. Alors que la dernière fissure atteignait sa poitrine, ils arrivèrent dans une immense caverne inconnue. Là, sous les yeux de Mathieu, Ardoria se transforma lentement en une magnifique statue d'ardoise.

 

Depuis ce jour, on raconte que l'esprit d'Ardoria habite toujours les ardoisières de Trélazé. Les mineurs affirment parfois entendre son chant mélancolique résonner dans les galeries. Certains prétendent même avoir aperçu une silhouette féminine faite d'ardoise, guidant les égarés vers la sortie.

 

La légende veut que si un couple d'amoureux sincères trouve la statue d'Ardoria et verse une larme sur son cœur de pierre, elle reprendra vie pour un bref instant, bénissant leur union d'un amour éternel.

 

Aujourd'hui encore, les ardoisières de Trélazé conservent une aura de mystère. Les visiteurs qui s'aventurent dans le parc muséographique Ardoisières d'Angers ressentent parfois une présence bienveillante, comme si la Fée des Ardoisières veillait toujours sur ce lieu chargé d'histoire et de magie.

 

Cette légende, transmise de génération en génération, rappelle la beauté et la richesse du patrimoine angevin. Elle nous invite à voir au-delà de la simple pierre, à imaginer la magie qui peut se cacher dans les profondeurs de notre terre.

 

La prochaine fois que vous visiterez les ardoisières de Trélazé, tendez l'oreille. Peut-être aurez-vous la chance d'entendre le chant d'Ardoria, écho d'un amour plus fort que la mort, résonnant à travers les siècles dans le cœur de l'Anjou.

 


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