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LA PLACE DES FEMMES DANS L'ANTIQUITÉ GRECQUE

Illustration: Socrate et Alcibiade rendant visite à Aspasie, par Nicolas Monsiau,1801

Bonjour Annely, bonjour à tous les confiné.es! Je suis ravie de vous retrouver pour partager avec vous une nouvelle parenthèse philosophique. Aujourd’hui, c’est le troisième volet de la série consacrée à la philosophie et aux femmes... Après nous être demandé pourquoi les textes des femmes philosophes avaient si peu de place dans nos bibliothèques et dans l’enseignement, puis avoir il y a deux semaines, dressé le portrait de la philosophe Simone Weil, je vous invite aujourd’hui à voyager dans le temps grâce à l’histoire de la philosophie... Car nous allons nous intéresser à la place des femmes philosophes dans l’Antiquité grecque.. Ce qui nous fait remonter jusque 600-500 ans avant notre ère.

Parmi les questions que l’on peut se poser quand on aborde une discipline, il y a: quels en ont été les précurseurs, les premiers grands noms, celles et ceux dont la pensée a traversé les siècles et dont les écrits nous sont parvenus. Mais quand il est question plus spécifiquement de la philosophie et des femmes, la question se corse, enfin le problème, ce n‘est pas tant la question que la réponse (!); car au regard de l’histoire de la philosophie communément transmise et enseignée, on pourrait même se demander si des femmes philosophes ont existé dans l’Antiquité!

Si nous nous demandons par exemple plus précisément qui est considérée comme étant la première femme philosophe de l’histoire, et bien il y a de multiples réponses, qui semblent parfois contradictoires. Et si les réponses sont multiples et contradictoires, c’est sans doute parce-que chercher à répondre à cette question fait intervenir déjà un questionnement historique. L’histoire fait généralement débuter la philosophie avec Socrate…

On nous apprend que Socrate est un père philosophe, en oubliant par là même toute une tradition philosophique dite présocratique… Les programmes et les enseignements de philosophie commencent tout juste à réhabiliter ces penseurs qui ont vécu avant Socrate, soit environ de moins 600 à moins 400 avant notre ère.

Mais pourquoi dire que Socrate est le père de la philosophie?

Parce que bien que son enseignement ait été exclusivement oral, son élève, Platon, s’est chargé de rédiger des dialogues transmettant la pensée de son maitre; Socrate a en quelque sorte formalisé la dialectique, cet art du dialogue qui selon lui est la meilleure forme de raisonnement possible, celle qui permet la maïeutique, c'est-à-dire de faire accoucher les esprits de la vérité. C’est donc cette forme de dialogue que l’histoire retient comme la forme de l’activité philosophique par excellence et qui fera passer à la postérité nombre des philosophes de l’Antiquité les plus célèbres après Socrate, tels qu’Aristote, Platon, qui en sont les plus célèbres successeurs. Et c’est bien sûr par là toute l’histoire la philosophie jusqu’à la pratique de la discipline aujourd’hui qui trouve là sa tradition.

Les pensées présocratiques qui nous sont parvenues demeurent des formes de pensée plus fragmentées, moins développées et nombre d’entre elles n’ont pas traversé l’histoire.

Alors imaginez, la pensée des femmes… Il existe de véritables difficultés, d’abord historiques, pour savoir qui étaient les femmes philosophes à l’Antiquité et ce qu’elles ont légué de leur pensée. Nous en avons relativement peu de traces bien que la philosophie ait été un domaine de l’Antiquité qui semble avoir été plus favorable aux femmes que ne l’ont été la politique, l’art, le théâtre, ou encore les mathématiques.

Nous disions qu’il était complexe de pouvoir citer les premières femmes philosophes alors qu’une forme de paternité de la philosophie fait plutôt consensus autour de la figure de Socrate. La philosophie aurait donc une paternité, mais ne peut on pas envisager que la discipline ait aussi une forme ou une figure de maternité?

On peut retenir trois raisons à cette difficulté je crois (il y en aurait certainement bien plus et je ne prétends pas bien sûr, résumer ici la complexité de ce sujet de façon absolue).

1- Déjà parce-que comme nous le disions, l’histoire a peu et souvent mal retenu ce que la philosophie a pu produire avant Socrate. Par exemple, on sait peu que Pythagore (qui était un réformateur religieux et philosophe, savant mathématicien que nous connaissons d’ailleurs surtout ainsi, même si on est sans doute nombreux à avoir oublié son fameux théorème!… N’est-ce pas Annely?) Pythagore avait ouvert son école aux femmes parce-qu’il aurait préalablement rencontré Aristocléia, prêtresse de Delphes, qu’il admirait, et dont il aurait enseigné les préceptes. On ne trouve aujourd’hui que des mentions, dans les écrits sur Pythagore, sous plusieurs noms, de l’influence qu’Aristocléia aurait eu sur lui.

2- Beaucoup de fantasmes à défaut de connaissances, existent concernant ces femmes de l’Antiquité. Par exemple concernant Aspasie, compagne de Périclès, qui, selon les écrits des successeurs de Socrate, aurait été très estimée par lui et aurait eu une influence sur la vie politique de son époque… a été considérée ensuite par les écrivains grecs et certains historiens contemporains que comme une simple courtisane.
Et il n’est pas rare, pour mentionner la première femme philosophe, qu’il faille pousser le curseur de l’histoire jusqu’au IV ème siècle, avec Hypathie, qui est une philosophe néoplatonicienne, astronome et mathématicienne. Femme de lettres et de sciences, elle est à la tête de l'école néoplatonicienne d'Alexandrie, au sein de laquelle elle enseigne la philosophie et l'astronomie. C'est la première mathématicienne dont la vie est bien documentée, notamment à cause de sa mort tragique car Hypatie a été assassinée par les chrétiens. On la réduit souvent ainsi à l’image d'une « martyre de la philosophie ».

3- Et enfin, on voit que ces femmes, même lorsqu’elle ont influencé des hommes que l’histoire a retenu et même quand elles ont été cheffes de file d’un courant, ce sont toujours leur père, ou leur frère, voire leur fils ou petit-fils, qui se trouvera être garant de leur pensée ou de la transmission très partielle de leurs écrits. C’est le cas par exemple d’Arété de Cyrène, qui était très proche de Socrate grâce à son père, père qui la formée, avant qu’elle ne développe son propre système. Sa pensée sera développée par son petit-fils, véritable fondateur de l’école cyrénaïque (qui est partisan d’un courant hédoniste -qui célèbre le plaisir- et qui propose une théorie originale du langage. Arété a donc joué un rôle capital dans le développement de cette école. Mais alors qu’elle a notamment enseigné durant plus de 30 ans et qu’on lui attribue de nombreux ouvrages, elle est retenue comme étant celle qui a fait le lien avec l’enseignement de son père et le développement d’une école par son petit-fils. On ne trouve aucune mention d’elle dans les grands repères d’histoire de la philosophie lorsque l’école cyrénaïque pour laquelle elle a oeuvré est mentionnée.

Le souci, dès la formation de la démocratie athénienne, c’est la place auxquelles les femmes vont être cantonnées. Car elles étaient semblent ils plus libres d’exprimer leur pensée et de leur choix de vie avant la mise en place de l’ordre social et politique athénien. Seule la sphère religieuse et rituelle leur était ouverte.

D’ailleurs, l’histoire de la philosophie est tout à fait rattachée à l’idée du développement de la discipline en même temps que celle de la notion de citoyen. La figure du citoyen c’est celle de l’homme libre (au sens masculin du terme), qui va être capable de philosophie, c’est-à-dire de créer des catégories, des idées des concepts pour penser le monde et sa réalité. Loin de l’idée que les femmes puisse participer à la vie citoyenne… Quand on sait les siècles et les siècles qu’il faudra ensuite avant que les femmes n’aient accès aux urnes!

Et si on peut dire que le hasard dans l’histoire existe, il rencontre néanmoins toujours des choix, des idées et des passions humaines. C’est ainsi que se constitue l’histoire. Et on doit à des formes politiques, sociales et culturelles la place qu’occupent dans l’histoire tel ou telle.

Et la portée de certaines idées et théories dans un contexte propice, ont de radicales et durables conséquences. Parmi les théories misogynes qui visait la “disparition” des femmes dans la vie publique et intellectuelle à l’Antiquité, on doit à Aristote notamment, l’invention en quelque sorte, de la notion de “sexe faible”.

Dans plusieurs traités portant sur les animaux (qui inclue bien sûr l’animal humain), dont L’Histoire des animaux, au IV ème siècle avant JC, Aristote construit une véritable théorie du corps féminin qui viendra justifier selon lui le rôle domestique auquel les femmes doivent se consacrer exclusivement. D’après lui, le sexe féminin est génétiquement inférieur au sexe masculin en raison d’un développement embryonnaire imparfait et inachevé. Elle est un simple réceptacle passif qui apporterait non pas de la semence, mais une matière inerte et moins élaborée qui la rendrait impuissante à concevoir la vie. Dans sa théorie, c’est donc à l’homme que revenait le pouvoir créateur : la femme n’y exerçait qu’un rôle mineur et inférieur.

Mais aussi il poursuivra aussi l’idée d’Hippocrate qui au siècle précédent, a écrit que les femmes sont froides et humides alors que les hommes sont chauds et secs. Et cette façon de formaliser la différence entre les sexes va déterminer les représentations médicales des siècles futurs jusqu’au moyen-âge et même la renaissance.

(Cela participera à l’idée quelques siècles après Aristote, soit deux siècles après JC, la femme n’est que l’inversion des particularités anatomiques de l’homme. Les ovaires des femmes étant le développement inversé des testicules des hommes. Cette inversion anatomique s’expliquait, selon lui, par un manque de chaleur naturel à la physiologie féminine).

Ce qui nous intéresse ici, c’est que depuis Aristote, la chaleur était tenue pour être une source d’intelligence, et l’humidité en revanche, pour ce qui activait la déraison. C’est toute une culture savante qui a été alimentée ainsi avec ce mythe autour de la féminité.

Alors avec Platon déjà, on retrouvait l’idée d’un féminin inférieur, de créatures défectueuses, de femmes comme étant des hommes manqués. Et dans le contexte de l’Antiquité les hommes et les femmes n’étaient pas considérés de façon égale. Mais Aristote a théorisé l’idée que la femme est une version imparfaite et inachevée de l’homme. 

Alors certes, de la philosophie grecque de l’Antiquité, nous n’avons que des traces partielles notamment souvent que des mentions de textes ou des personnes et de leur rôle dans la vie intellectuelle, scientifique et politique de l’époque (ce qui fonctionnait souvent ensemble).

La majeure partie des oeuvres des hommes et des femmes de ces siècles là ont été perdu, quasiment tout ce que l’on connait des oeuvres et des personnages de l’époque qui nous a été transmis par leurs successeurs, et les femmes semblent avoir été oubliées dans ce “référencement”, même quand on sait qu’elles ont existé et qu’lles ont joué un rôle majeur dans le développement d’une école philosophique ou mathématiques.

Peu de soin semble avoir été fait de leurs oeuvres comme si elles contenaient peu de théories déterminantes.

Et pour celles dont on dispose encore de textes, ils ont été été peu ou pas reproduits car ils apparaissent d’office comme secondaire dans la l’histoire de la philo et ce n’est plus une chose que la philosophie elle même interroge vraiment. Comme si la place des femmes en philosophie à l’antiquité (donc à la naissance et aux fondations de la discipline) n’aurait pas pu être différente. Comme si cette absence se résumait à un constat de fait et avait valeur de vérité sur l’absence d’originalité et d’intêret des textes et des pensées de ces femmes.

Si vous avez envie d’envoyer vos remarques, vos questions, ou les thèmes dont vous avez envie d’entendre parler dans cette chronique, je souhaitais vous signaler que vous pouvez retrouver Croc’Philo en ligne, sur la page FB dédiée = Croc’Philo - chronique philosophique bimensuelle. (vous y trouverez le lien vers le podcast de l’Oreille Curieuse de Radio G! notamment).

Emilie

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